Histoire du 11ème Bataillon de Chasseurs Alpins

LE XIXème SIECLE

Un 11ème Bataillon de Chasseurs a été formé le 10 septembre 1788 par ordonnance royale de Louis XVI. Il tient garnison à Monaco. Il est dissous sous le 1er Empire.

Le 2 février 1854, le 11ème Bataillon de Chasseurs est créé à Strasbourg par décret Impérial. Envoyé au camp de Viméreux lors de la guerre de Crimée en 1854, il est ensuite attaché à l'armée de l'Est et tient garnison à Paris en 1855, puis à Vincennes jusqu'au 20 mai 1856.

A cette date le Bataillon rejoint l'Algérie et participe aux expéditions des Babors et de la Grande Kabylie en 1857, de 1'Oued-El-Kebir en 1858.

En 1859, il prend part à la guerre d'Italie et se distingue au passage du Tessin, à Magenta et à Solférino où ses carrés résistent aux trois charges de la cavalerie autrichienne.

Lors de la guerre de 1870, le 11ème Bataillon s'illustre dans les combats de Borny, Rezonville, Saint-Privas, Servigny et Ladon. A Sedan, il disparaît avec l'armée de Metz. Dans le cadre de l'année de la Loire, reformé en 11ème Bataillon de marche, il combat à Villorceau et au Mans. Le 6 septembre 1871, le 110 Bataillon de Chasseurs est reconstitué et vient prendre garnison à Lyon.

Le 30 avril 1875, le 11ème Bataillon part à nouveau pour l'Algérie où il fait partie des colonnes expéditionnaires du Sud en 1876 et du Souf en 1877.

Rentré en métropole, il se fixe à Alençon jusqu'au 27 avril 1885, date de son départ pour le Tonkin. Le Bataillon embarque à Toulon le 30 avril, pour débarquer en baie d'Along le 31 mai. Il prend part aux affaires de Hué, Tam-So, Yengia, Tramy, Dong-Triem et Hoan-Mo. Le 11ème Bataillon est ainsi le seul parmi les bataillons de chasseurs à avoir participé à la conquête du Tonkin.

De retour en France, le 1er avril 1888, il est stationné à Albertville jusqu'eu 1894.

Par décret du 2 janvier 1889, il devient Bataillon Alpin. Il s'installe à Annecy de 1894 à 1914.

Le 1er février 1895, une compagnie est désignée pour faire partie du 40ème Bataillon de Chasseurs qui embarque le 12 avril pour Madagascar et prend part aux combats de Mévétanana et Bevitzoka.

1914 - 1918

1914: Le 11ème Bataillon, sous les ordres du Commandant AUGERD quitte Annecy le 5 août et est engagé dans les Vosges. Il y combat d'abord pour repousser la couverture ennemie (Le Lac Blanc 13 août) puis pour couvrir notre repli (Charbonnières, 18 et 20 août; Stampoumont, 22 août), enfin pour arrêter définitivement et pour faire reculer l'envahisseur (Hemberg, 2 au 6 septembre).

En remplacement du Commandant AUGERD promu, le Commandant FORET prend le commandement le 22 septembre; le Bataillon, transporté dans le Nord, participe à la course à la mer (Lihons, 25 septembre; Dompierre, 29 septembre) à la bataille des Flandres (Kemmel, novembre) et à la tentative d'offensive d'hiver (Carency, 27 décembre).

1915: Ramené dans les Vosges, le Bataillon est bientôt engagé dans la partie d'Alsace conquise;il repousse les attaques allemandes (Sultzern, 19 février) et passant lui-même à l'attaque, s'empare de Metzeral (21 juin) ce qui lui vaut sa première citation.

Blessé à Metzeral, le Commandant FORET passe le commandement au Commandant DE DOUGLAS le 22 juin; sous ses ordres le Bataillon continue à lutter dans les Vosges et livre de sanglants combats (Barenkopf, 29 juillet; Lingekopf, 5 août; Hartmanns Willerkopf, 31 décembre).

1916: Le Commandant PICHOT-DUCLOS remplace, le 10 février, le Commandant DE DOUGLAS et sous ses ordres le Bataillon tient 1'Hilsentirst pendant le printemps et participe ensuite à la bataille de la Somme (Bois de Hem, 20 juillet; Maurepas 16 août; Mont St Quentin, 12 septembre). Sous les ordres du Commandant DOYEN, qui remplace le 27 octobre le Commandant PICHOT-DUCLOS, le Bataillon est ramené dans les Vosges où il terminera l'année dans un secteur calme.

1917: L'hiver, le printemps et l'été 1917 voient le Bataillon transporté des Vosges sur l'Aisne, dans la Meuse, en Champagne; les périodes d'entraînement dans les camps alternent avec l'occupation des secteurs du front. Aucun combat important dans cette période.

Mais en automne le Bataillon est brusquement appelé à opérer en ITALIE où la situation est grave; il arrête les Autrichiens au Monte-Tomba (30 décembre).

1918: Ramené en France dès la première attaque allemande, le 11ème Bataillon stationne successivement en Picardie, en Flandre et enfin sur l'Ourcq où il se trouve quand sonne l'heure de l'offensive victorieuse. Il participe à l'attaque de juillet (Rassy, 19 juillet, Bois de Chatelet, 23 juillet) et y gagne sa deuxième citation.

Grièvement blessé au cours de ces combats le Commandant DOYEN est remplacé par le Commandant CIAMBELLI. Sous ses ordres le Bataillon prend part à la bataille de Roye (20 août) où il mérite sa troisième citation; puis à l'attaque de la ligne Hindenbourg (30 septembre) et à la rupture de cette position (8 octobre) ce qui lui vaut sa quatrième citation.

Enfin le Bataillon combat devant Guise (30 octobre) et le Commandant CIAMBELLI tombe glorieusement à sa tête quelques jours avant l'armistice.

Il est remplacé par le Commandant LAMBERT (14 novembre 1918).

L'ENTRE DEUX GUERRES

Après l'armistice, le Bataillon est ramené sur Paris. Il cantonne successivement à Viarnes, Neuilly, Challes. Il rend les honneurs aux souverains et chefs d'Etat.

Au printemps 1919, il est désigné pour faire partie de l'armée du Rhin.Il tient successivement garnison à Hainfeld, Gemersheim, Schornsheim, Landau, Trèves et Neustadt.

Il participe à la première occupation de la Ruhr à Meideric de mai à juillet 1921 et retrouve ensuite sa garnison de Neustadt. Lors de la deuxième occupation de la Rhur de janvier 1923 à janvier 1924, il passe par Dattelv, Horde, Appelerbeck et enfin Dusseldorf.

Quittant la Ruhr, il établit ses quartiers à Bigen d'octobre 1924 à décembre 1925, puis à Kreuznach de décembre 1925 à novembre 1926 et enfin à Kaiserslautern. A l'évacuation de la Rhénanie, il est dissous le 30 juin 1930, sans disparaître pour autant, puisque à cette même date, le 23ème B.C.A. de Gap prend le numéro 11. Le Bataillon occupera le quartier Reynier jusqu'à son départ pour le front de l'Est en novembre 1939.

Ces retrouvailles avec le milieu alpin le confirment dans sa vocation de combat dans des conditions difficiles. Il va le prouver avec héroïsme pendant la campagne de France.

1939 - 1945

En novembre 1939, le Bataillon part pour le front au sein de la 7ème Brigade. En 1940, il combat sur l'Aisne et sur l'Ourq.

“Les 9 et 10 juin, il résiste sur place dans les bois de la Ferme du Préau jusqu'au sacrifice total.”

Il ne reparaîtra pas dans la bataille et ne sera pas reformé dans le cadre de l'armée d'armistice. Il est cité à l'ordre de l'armée une première fois le 10 juin 1940 par le Secrétaire Général de la Défense Nationale.

Héritier des maquis de 1'Oisans et du Queyras, le Bataillon est recréé le 5 octobre 1944, au Fort Rabot Par décret du 16 décembre il prend l'appellation de 11ème Bataillon de Chasseurs Alpins. Tout au long de l'hiver 1944 - 1945 il est en Haute-Maurienne au pied du Mont-Cenis. Les Allemands occupent les crêtes.

Le 4 avril 1945, l'ordre est donné de s'emparer du plateau du Mont-Cenis avec comme objectif principal le Mont-Froid. Attaquant de bas en haut des positions fortement tenues, gravissant avant l'assaut mille mètres de dénivelée, il atteint d'emblée tous ses objectifs. Pour ce fait d'armes, il reçoit sa deuxième citation au titre de la guerre 1939-1945.

Le 28 avril, le Bataillon franchit le Mont-Cenis pour poursuivre les Allemands en Italie. Le 30 avril, il progresse en direction de Turin. Le 23 mai, après l'armistice le Bataillon regagne la France. Le 7 septembre, il s'installe en Autriche dans le cadre de l'armée d'occupation. Il est stationné à Bregentz sur les rives du lac de Constance.

Le 21 octobre 1946, le bataillon reçoit la Fourragère 3945, pour les deux citations qu'il a obtenues.

En avril 1948, le Bataillon rentre en France et s'établit à Barcelonnette devenant ainsi le Bataillon de l'Ubaye.

LA CONQUETE DU MONT-FROID

Le 11ème B.C.A. que commande le Capitaine GRAND, reçoit l'ordre, le 2 avril 1945, de s'emparer de la crête du Mont-Froid qui domine la vallée de la Maurienne. Cette pièce maîtresse du dispositif ennemi est tenue par des troupes d'élite de la Wehrmacht renforcées par des unités italiennes de la Division “Folgore”.

L'attaque est prévue pour le 4 avril. En raison des conditions atmosphériques, elle est reportée de vingt quatre heures. La mission principale, conquérir le Mont-Froid, est confiée à la 4ème Compagnie que commande le Capitaine BRANCHE. Elle est renforcée par la SES/2 du Sous-Lieutenant FAURE. il est dix-huit heures ce 4 avril, quand les sections s'engagent sur la pente au départ de Bramans. Les éléments sont déchaînés. Une épaisse couche de neige couvre le sol, un vent glacial balaie la crête. En tête progresse la SES/4 du Sous-Lieutenant LACARE.

Lorsque le jour se lève, deux des trois points de résistance ennemis sont dépassés sans être tombés entre nos mains. Ce sera l'affaire de la journée du 5 avril. Les allemands essayent par tous les moyens de rester maître de l'ensemble de la position. Devant le bloc Est, les deux adversaires s'installent dans un face à face meurtrier.

Finalement au bout de vingt quatre heures, le Sous-Lieutenant LACABE et ses éclaireurs s'en emparent Tout au long de la journée du 6 avril, ils vont consolider la défense. Mais an milieu de la nuit suivante une puissante contre attaque les en déloge. L'Allemand s'y maintient toute la nuit mais sous les coups redoublés des Français, il est contraint de se replier.
Au matin du 7 avril 1945, le Mont-Froid est entièrement aux mains des Français. Après plus de 48 heures de combat dans des conditions épouvantables, la 4ème Compagnie est alors relevée. Deux jours plus tard le Général DE GAULLE, au cours d'une prise d'armes à Bramans, décernera pour ce fait d'aunes une nouvelle citation au Bataillon.

LE 11 EN UBAYE

Le Bataillon s'installe en 1948, à Barcelonnette et à Jausiers dans les quartiers Jacquemot et Breissand.

La Vallée de l'Ubaye renoue avec ses traditions militaires. En effet, lieu de passage, elle a, de tout temps, accueilli des unités militaires dont le volume variait suivant les tensions du moment.

Centre d'instruction pendant la période de la guerre d'Algérie, le “Onze” redevient Bataillon opérationnel le 10 juillet 1969 et entre dans la composition de la 17ème Brigade Alpine.

A la dissolution de cette grande unité, il est intégré dans la 27ème Division Alpine le 1er août 1976.

A cette même date le quartier Jacquemot change d'appellation pour devenir quartier Craplet en souvenir de l'ancien Chef de Corps du Bataillon décédé accidentellement en août 1972.

Depuis 1982, au sein de 1a 27ème Division Alpine, le 11ème B.C.A. fait partie de la Force d'Action Rapide. Outre sa mission de protection au profit de la force nucléaire stratégique du plateau d'Albion, il participe aux relèves Outre-Mer et principalement, dans le cadre du bataillon logistique français, à la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban.

Le Bataillon de l'Ubaye est articulé en une compagnie de commandement et de services, une compagnie d'éclairage et d'appui, trois compagnies de combat et une compagnie d'instruction. Son effectif est d'environ 1000 hommes dont 200 cadres. Formé en majorité d'appelés, il entretient des relations exemplaires avec la population locale. Bénéficiant d'un environnement exceptionnellement favorable, le Bataillon dispose de possibilités d'instruction et d'entraînement remarquables qu'il met à profit pour se hisser au niveau des meilleures uinités de l'armée de terre.

Dans le cadre de la restructuration consécutive à la mise en oeuvre du plan de ARMEE 2000, le 11ème Bataillon de Chasseurs Alpins est dissous à compter du 30 juin 1990.
Le CIECM, Centre d'Instruction et de Combats en Montagne, qui lui succède et devenu ensuite le CNAM est également dissous. L'armée quitte définitivement l'Ubaye en été 2009. Une page se tourne.

La bataille de MENIL-SUR-BELVITTE DU 28 août 1914

Hubert TASSEL effectue depuis plusieurs années avec l'Amicale Ubayenne des Chasseurs Alpins un formidable travail de recherche sur le patrimoine militaire de la vallée.

Il m'a fait l'amitié de me transmettre la photo du drapeau présenté ci-contre.

Ce drapeau a une histoire.

Hubert TASSEL l'a trouvé avec d'autres drapeaux dans un coin de l'église de MENIL-SUR-BELVITTE.

Une délégation de l'Amicale Ubayenne des Chasseurs Alpins s'est en effet rendue du 28 au 30 août 2010 dans ce village des Vosges pour participer à la commémoration de la bataille de MENIL-SUR-BELVITTE du 28 août 1914.

Dans cette bataille périrent 52 ubayens du 157ème Régiment d'Infanterie de Ligne.
Moins d'un mois après la déclaration de guerre, la vallée basculait dans l'horreur de la première guerre mondiale.

Ce drapeau a été confectionné en 1917 par les dames de la Croix-Rouge, béni le 29 mars 1917 à l'église de BARCELONNETTE par l'abbé Chabot puis transporté à MENIL SUR BELVITTE pour le 4ème anniversaire de la bataille en août 1918.

Hubert TASSEL m'a également indiqué (pour ma rubrique " LES NOMS DES RUES ") que la place du monument aux morts de BARCELONNETTE s'appelle la place du 157ème RI et avait été inaugurée en 1961 avec des anciens du 15/7.

Je ne vais pas créer sur mon site une rubrique consacrée à la bataille de MENIL-SUR BELVITTE mais je vais vous indiquer différents liens pouvant vous intéresser :

L'excellent site de l'Amicale Ubayenne des Chasseurs Alpins :
www.alpinsubayens.fr/
A la rubrique ACTIVITES EN PHOTOS, vous pourrez retrouver le compte-rendu des cérémonies du 28 au 30 août 2010.

Le site de Jean-François DELENAT avec le récit complet de la bataille :
http://ubaye-en-cartes.e-monsite.com/rubrique,menil-sur-belvitte,1197274.html

Christophe UGHETTO m'a également communiqué le lien vers le site du Ministère de la Défense sur lequel sont inventoriés les morts de la première guerre mondiale :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/spip.php?page=base_recherche&_Base=MPF1418&_Action=1

Le numéro 48 du trimestriel TOUTE LA VALLEE consacre une double page à la bataille du Col de la Chipotte du 28 août 1914.

LE 11EME BCA SUR LES CHAMPS ELYSEES EN 1970 ET 1978

CLIQUEZ SUR LA PHOTO POUR ACCEDER A LA RUBRIQUE.

11 BCA-1970